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FLORIDUM MARE................................
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16 décembre 2024

EARTH TO MOON ou l'ombre du père

 

“Something I have often grappled with, which became the impetus for the book,

was this idea of, is genius worth the collateral damage it can do to a family?” 

Moon Unit Zappa

 

La parution le 20 août dernier en Californie  d’ « Earth to Moon - A memoir » par les éditions Dey Street Books suscita à Los Angeles de nombreux commentaires et recensions assez critiques sur les réseaux.

Ces « mémoires » de la fille ainée du compositeur Frank Zappa sorties également à Londres neuf jours plus tard chez Whiterabbit édition, furent commentées avec intérêt, des micros lui furent tendus et Moon Zappa fut invitée à parler d'elle même et de son livre sur les plateaux de différentes chaines du Net.. En France, ce fut le grand silence, si ce n’est un petit article sur un blog dépendant de Mediapart où sympathiquement l’auteur, fan de la première heure, nous raconte ses concerts et son entrevue avec le musicien disparu en 1993 … La  sortie du livre en français chez Hachette, se fera peut être prochainement, vraisemblablement dans un an.


Le Los Angeles Time y consacra deux articles très documentés, à consulter ici:  Marc Weingarten et Zan Romanoff. Ils sont assez marqués par l’intérêt actuel que suscite une relecture féministe rétrospective d’une libération de moeurs liée à un certain progressisme passé. Le nom de Zappa est très familier parmi le microcosme de la scène musicale angelinos.

C'est donc un témoignage d’une femme actuelle sur sa vie de jeune fille, à l’ombre d’un père extrêmement connu ainsi qu’écouté durant la glorieuse période des années soixante-dix/ quatre vingt avec tous les excès de la scène rock californienne..
Livre de souvenirs et de confidences avec un parfum de règlement de compte, écrit en complète liberté après la disparition de ses parents et la dispersion de ses frères et soeur.

Un récit en hommage à la jeune fille qu’elle a été. Jeune fille écartelée, malmenée, trainant pendant de nombreuses années un sérieux mal être. Un essai de thérapie personnelle.
 Elle est aujourd’hui une femme adulte presque guérie de ses tourments. Mère et divorcée, elle regarde son enfance et raconte le quotidien d’une enfant au sein de ce que certains pourraient appeler une « famille dysfonctionnelle ».

Un témoignage de l’autre côté de la façade publique que Le Guardian et Le Times au Royaume Uni couvriront aussi généreusement, ce qui montre qu’il ne s’agit pas uniquement de « presse people » mais d’un chapitre d’ une saga familiale que les californiens ont découvert à la mort de Frank Zappa en décembre 1993.  Est-il utile de rappeler qu’il fut un auteur compositeur musicien de renommée internationale, brillant par son éclectisme et ses multiples et prolifiques directions musicales?  Un commentateur sulfureux de la société américaine, un artiste poil à gratter de l’administration Reagan ancien gouverneur de Californie ?  Sa mort à cinquante deux ans d’un cancer de la prostate jamais soigné fut très médiatisée. Les interviews lors de sa phase terminale alors qu’il était chez lui sur les hauteurs de Laurel Canyon à Los Angeles frappèrent les esprits par leurs cruelles réalités.  Sa veuve Gail Zappa géra pendant 22 ans son héritage musical en sortant un grand nombre de disques posthumes jusqu’à sa propre disparition en 2015.

MOON UNIT Paperback

Comment vivre dans une famille de la freaks nation?  Que se passait-il dans le quotidien de cette effervescence du « summer of love » beatniks des années soixante à Los Angeles?  Avons nous vraiment conscience du bouleversement opéré par la scène musicale californienne sur l’américaine way of life?


 Once upon a time in Hollywood
 Once upon a time in L.A
Once upon a time in Laurel Canyon…..
La fille ainé de Frank Zappa se libère dans un livre cathartique.

 

 La charge psychologique est élevée. Les traumatismes cachés remontent à la surface et apparaissent comme des bleus que la parole publique doivent panser et soigner
 « Earth to moon » est le nom d’une mise en demeure d’obéir lancée par sa mère, Gail, qui est la première marche descendante vers la base de ses tourments. Moon Unit utilise ses carnets, son « personal diary » ce journal intime où ne sont consignés prioritairement que ses déceptions, peines et injustices ressenties ..sa mémoire traumatique est étayée par les notes prises jour après jour dans un petit carnet de cuir à tranche dorée offert par ses parents.

 Après la charge libératrice contre sa mère effectuée dans les premiers chapitres suivent l’amour/fascination et le ressentiment/déception contre son père trop tôt disparu puis viennent l’éloignement et le regret de l’absence de ses frères et de sa soeur dans la difficile gestion du patrimoine commun.

Captive de l’amour qu’elle porte néanmoins à sa famille, Moon écrit pour s’expliquer elle même, se purger de ses troubles psychologiques, de sa difficulté à vivre. Un travail intérieur pour essayer de retrouver une estime de soi vacillante…., « As a gift to myself » écrit elle dans sa préface. Un « cadeau à elle même » que son premier livre assez oublié intitulé« America the beautiful » paru en 2000 n’avait pas contentée. Ce premier roman a clefs, très proche de son existence d'alors, était déjà une tentative de thérapie par l’écriture mais l’impact en avait été très atténué par la présence de sa mère toujours vivante, gardienne Vestale-Manager du trésor paternel. Lui qui, étrange paradoxe, disait ne pas croire à la postérité pour lui même alors qu’il gardait à la manière compulsive dans la crypte aux archives appelée « the Vault » chaque films et enregistrements de ses concerts et compositions. Énorme et écrasant héritage du père génial, mondialement célébré comme un musicien hors norme et adulé par un aréopage de « fans » dans le monde occidental…Transgenre des courants musicaux, du Rock au Jazz jusqu'à la musique contemporaine internationale.
Le journaliste français Alan Dister est l’un des premiers à raconter sa rencontre en 1966 avec cette drôle de communauté, cette sorte de phalanstère que constituait le groupe appelé « The Mother of Invention » perché au dessus d’Hollywood dans les eucalyptus et les pins de Laurel Canyon, quartier de Los Angeles… La lecture de ce témoignage campe bien le décor et l’ambiance de cette année 1967, date de naissance de Moon Unit Zappa, fille de Gail Sloatman et de Frank Zappa,  fille ainée d’une future famille de quatre enfants.


Le livre comporte deux grandes parties : « Earth » 1967 -1993 et « Moon »  1993 - 2024 sudvisées en trois parties contenant les chapitres.  Ils relatent son existence dans ce bain de réelle marginalité qui la marquera à vie.

"The saying goes that God only gives you what you can handle. Well God didn’t grow up in my atheist, Wiccan, fame-laden, oversexed, teetotaling, drug-free, cloistered, chaotic, non-communicative, workaholic, feral-feeling house"

Le dicton dit que Dieu ne vous donne que ce que vous pouvez gérer » Eh bien, Dieu n'a pas grandi dans ma maison athée, wiccane, pleine de célébrité, obsédée par le sexe, abstinente, sans drogue, cloîtrée, chaotique, non communicative, accro au travail et à l'esprit sauvage.

Hot Rats


A quel moment s’est elle rendue compte que son père était une « Rock star »?  Qui étaient tout ces gens tout nu au soleil dans le jardin?  Comment la liberté totale de moeurs revendiquée peux-t-elle être soluble dans la famille? Pourquoi une inconnue, une femme neo-zélandaise aux seins nus habite dans la maison et couche avec mon père au sous sol ? Pourquoi ma mère est-elle si colérique, violente et exaltée en rupture avec sa propre famille et délirante d’occultisme, de mysticisme pseudo oriental alors que mon père chante le scepticisme sarcastique en commentaire social satirique?

Puis vinrent les absences car les tournées musicales laissent de longs mois la maison vide aux seules mains de la mère omniprésente au trop fort caractère.
 La suprématie affective de la mère sur le fils enfant roi Dweezil, reléguant sa soeur ainée au statut d’aidant ménager puis en baby-sitter pour les suivants est cruellement ressenti. L’acné devient bientôt un problème, la peau se révolte, les premiers amours ne sont pas à la hauteur des espérances ..Qui m’aime? Est-ce que l’on peut m’aimer?  Pourquoi les regards se retournent vers mon apollon de frère, mon génie de père, ma tyrannique de mère et pas sur moi? Quelle est ma place?

 

FZ et Gail Zappa

“What do you do when your mother is your first bully?”    “When you come from that kind of emotional trauma, the only thing you can think about is escaping.”

« Que faites-vous lorsque votre mère est votre première harceleuse ? », « Quand vous sortez de ce genre de traumatisme émotionnel, la seule chose à laquelle vous pensez est de fuir. »


“Something I have often grappled with, which became the impetus for the book, was this idea of, is genius worth the collateral damage it can do to a family?

« Quelque chose avec lequel je me suis souvent débattu, et qui est devenu l'impulsion du livre, était cette idée, le génie vaut-il les dommages collatéraux qu'il peut causer à une famille ? »

Moon à droite

Ces mémoires laissent place, après le cahier d’enfance, le « journal » tenu par une petite fille, à des souvenirs de jeune adolescente qui en première position en tant qu’ainée subie tous les chocs émotionnels et éducatifs généreusement prodigués par une mère trop présente et instable. 

Cette mère qui refuse qu’on l’appelle maman semble dans un premier temps écrasée par la notoriété de son mari qui , avec son groupe Les Mothers of Invention, tourne de long mois dans le monde entier, Gail Zappa gère la maison d’une façon pour le moins chaotique. Moon se décrit comme le supplétif de sa mère entièrement tournée vers le confort domestique et professionnel de son mari. La place du fils Dweezil, devient prépondérante, les deux enfants suivants polariseront également l’attention à son détriment. La place de l’ainé devient de plus en plus difficile lorsque l’on a un caractère doux avec une demande affective forte.
 La musique prime avant tout et lorsque le père absent revient de ses nombreux voyages, il disparait la journée entière pour dormir car il travaille toutes les nuits dans son studio situé au sous sol de leur « complexe » de Laurel Canyon.

L’oeuvre est à l’oeuvre ...Tâche que l’on ne s’imagine pas être effectuée sans sacrifices sur la contingence que représente la « vie de famille ».
La maison tentaculaire est constamment en travaux nous dit-elle. La vie collective des années soixante ayant laissée le pas à la solitude du vedettariat. Gail s’investit et devient une « femme d’affaire » foutraque et omniprésente, elle est la seule à avoir un permis de conduire, elle circule en Rolls Royce et gère le business de leur compagnie de production  ..Barking Pumkin Record ( une description amusante de la grosse dame à lunette aboyant au téléphone qu’elle est devenue… la jeune et jolie jeune fille des premières photographies ayant disparue, il s’agit maintenant d’une matrone hippie-chic autoritaire qui fume )

Gail Manager

 


L’anecdote est touchante, Moon qui est presque adolescente, raconte avoir toujours eu la capacité à imiter des voix et des accents. Son ressort comique à l’école était de se moquer du ton assez trainant et pointu des filles très bourgeoises qui habitaient dans la vallée de San Fernando …elle fit donc rire son père avec ce genre d’imitations et ce drôle d’accent.  Un soir toujours très en demande vers ce père adulé mais vivant à part de la maisonnée, elle glisse sous la porte de son studio une petite lettre de candidature spontanée :

{ Cher Papa, Salut j’ai 13 ans, mon nom est Moon. Jusqu’à maintenant j’ai essayé de me tenir à distance lorsque tu enregistrais. Néanmoins j’en arrive à la conclusion que j’adorerai chanter sur ton disque, si tu voulais bien. J’ai plutôt une jolie voix. Pour plus d’informations contact mon agent Gail au 6504847. Je suis d’une manière générale joignable jour et nuit. J’adorerai faire mon « accent d’Encino » ou mon « accent dood surfer » A plus!  Dood Love Moon XXX }

Le flash Valley Girl

Et c’est ainsi que Moon permit a son père d’avoir un « hit dans les charts » avec la chanson « Valley Girl » qui eu un succès incroyable dépassant les cercles habituels dans lesquels Frank Zappa avait son audience. Le succès amena la jeune fille devant les caméras et devint « connue » …Ce qui n’arrangea paradoxalement pas ses relations familiales.

 

Moon Zappa et son père - Show Tv 1982


Le regard posé actuellement sur cette campagne d’interviews et Talk-show promotionnels jusque sur la côte Est semble toujours très douloureux pour elle. Utilisée et déboussolée, elle en garde un goût amer. Elle tenta d’utiliser cette jeune notoriété pour devenir actrice mais rétrospectivement pense que cela l’a desservie et l’a empêchée de faire des études. Elle se souvient d’avoir été totalement inconsciente quand à la possibilité de faire autre chose que du show business. Son témoignage se poursuit; les années passent, les révélations de ses difficultés d’existence sont de plus en plus criantes, elle en a une conscience aigüe. Le quotidien familial s’estompe au fil des pages au profit de sa vie personnelle qu’elle détaille avec beaucoup plus d’introspection.
Ses difficultés avec les garçons, le souci constant de sa peau hyper acnéique lui rendent la vie douloureuse. Elle se livre sans détours avec une franchise quelque fois déconcertante. Il manque néanmoins certainement certains événements comme son nez changeant. Passons.

A l’image de la mère bien écornée dans les premiers chapitres succède la description de certains moments où son père se retrouve lui aussi dans des positions peu avantageuses. Même s’il faut faire un petit effort mental pour se placer dans l’esprit du début de années quatre-vingt, le dysfonctionnement de la famille est criant. L’épisode de la comédie musicale new yorkaise « Cats « est assez significatif. Très heureuse d’être emmenée à New York par son père assister avec son jeune frère au Musical « Cats »à Broadway, elle se rend compte que ce n’est pas uniquement pour leurs contentements mais bien pour passer une nuit dans la chambre mitoyenne de leur hôtel avec une des danseuses rencontrée précédemment …la sexualité du père est débridée et débordante…Elle n'en dormira pas .


Son frère Dweezil est assez présent dans ces mémoires lors des passages concernant leur adolescence. Vexations, admirations, compétitions nagent en eaux profondes sur l’écume de l’amour fraternel, la complicité, l’espièglerie de deux adolescents dans la marge des projecteurs éclairant le père. La suite des événements est plutôt vide de toutes allusions à ses deux frères et à sa petite soeur Diva…

New York 1982 Dweezil & Moon


La maladie déclarée de son père est un choc avec le réel, la famille se retrouve, se rassemble autour de lui ..Mais la mort arrive en 1993. C’est pour tous une épreuve absolue.

Moon en parle avec beaucoup de tendresse et de tristesse. Le récit très touchant des derniers instants du père ( chapitre 48) la place encore dans une sorte d’à côté familial « Even in my father ’s death I feel like an outsider » ce drame est poignant.  Il semble que la toilette des morts peut être effectuée par les familles. Moon (qui à 26 ans) et sa mère ont lavées le corps avec de l’eau et du savon et l’ont habillé d’un pyjama noir en soie. La description des actions thanatopraxiques est étonnante de la part d’une jeune fille face à son père défunt ..
 Mais ce séisme familial fracture de plus en plus l’unité de façade préservée par la maladie. Les problèmes d’argent, l’absence de testament amplifient l’attitude et le caractère volcanique de la mère…Cela donne des pages douloureuses d’acrimonies…conflit mère fille sans espoir.

Style années quatre-vingt


Puis vint la période d’éloignement, elle raconte ses joies et ses difficultés lors de son mariage et de sa maternité…

Ses espérances professionnelles, son parcours de yogi, sa vie loin de Los Angeles…la famille se fait de plus en plus lointaine…. Ces frères sont de plus en plus absents du récit, sa soeur également, pour finalement à peu près disparaitre…La famille ne se retrouve qu’à travers les contacts toujours délicats avec sa mère...la lutte pour devenir ce que l’on voudrait être.

Les dépenses somptuaires de sa mère alors qu’elle ne vit qu’ avec l’argent gagné avec ses cachets d’actrice de série télévisée (elle vit enfin comme tout le monde)

La société Parking Pumpkin Records semble prospère, Ahmet son deuxième frère aide à gérer le catalogue, Dweezil joue de la guitare et sort des disques de ses compositions.

De Diva la dernière ? On ne sait pas précisément ..elle devient styliste et couturière..aucun des enfants n'ont fait d'études.
Mais la situation financière se révèle tout autre …les déficits sont énormes..Les enfants sont mis face à ces réalités par une mère aux abois.
  La maladie de Gail ,atteinte d'un cancer, est l’occasion de se rapprocher et de trouver enfin la paix espère-t-elle .. Gail est alitée chez elle, dans la chambre même où son mari est mort. La fille aimante s’affaire en aide soignante, ce dévouement lui font espérer une réelle communication, une preuve d’amour réciproque... mais une fois de plus, cela ne se passera pas ainsi.

Gail décèdera en 2015,
Moon vivra le testament de sa mère comme une trahison, les deux ainés seront minoritaires dans la société qui est donc aux commandes des deux derniers enfants. Ils en assumeront seul la gestion et les retombées financières. …Les deux ainés, ceux qui ont joués et chantés avec leur père, sont écartés...incompréhensible trahison posthume de leur mère ....

Les journaux s’emparent de cette cruelle injustice, les déclarations et imprécations dans la presse et sur les réseaux creusent le différent entre les deux ainés Moon et Dweezil et les deux derniers Ahmet et Diva .
La situation financière les place dans l’obligation de vendre la maison pour couvrir les dettes ( environ 5 millions de dollars) creusées par leur mère. La maison sera vendue à Lady Gaga pour 5,25 millions de dollars. Elle sera de nouveau mise en vente peu de temps après et acquise par Lizzy Jagger pour 6,45 million de dollars…

 

Why parent does this? What mother does this? What the fuck did I do? What mother chooses some kids over others? What mother wishes unending love and peace and belief and resources and creativity and total empowerment ans divides a family into a Them and an Us, into a hateful before and an even worse after? What siblings allow that? Who are these people?

Pourquoi les parents font-ils ça ? Quelle mère fait-elle ça ? Qu'est-ce que j'ai foutu ? Quelle mère choisit certains enfants plutôt que d'autres ? Quelle mère souhaite un amour et une paix sans fin, des croyances, des ressources, de la créativité et une autonomisation totale et divise une famille en un Eux et un Nous, en un avant haineux et un après encore pire ? Quels frères et sœurs permettent cela ? Qui sont ces gens ?

La lecture d’Earth to Moon n’est pas uniquement réservé à ceux qui ont les deux pieds dans le monde Zappa mais cela peut très fortement aider à y trouver un intérêt supplémentaire. Il y a donc plusieurs niveaux de lecture.
Les articles du Los Angeles Times glisse de la pure "Gossip Press" vers un début de lecture woke des comportements habituels de la Jet-Set musicale des années 1970. La libération sexuelle, le Flower Power, la Rock’n Roll attitude, les drogues, la communauté inégalitaire musiciens/groupies. Un pre#MeToo face à la domination masculine cachée dans les oripaux du Yippies contest…Une sorte de machisme Rock, une symbolique sexuelle amenant la soumission féminine inconsciente à la libération des moeurs et des attitudes …La disparition de la pudeur bourgeoise et sur-valorisation de la sexualité facile et épanouie font un Woodstock des esprits.  Transformation nécéssaire mais certains y sont des dominants d’autres des dominés sans regard de genre.....Les femmes y trouveront aussi un espace de liberté et d'émancipation ..Les GTO's (Girls together Outrageously ) en sont une preuve.

Il faut lire aussi, avec intérêt, le témoignage de Pauline Butcher   « Freak out, My life with Frank Zappa »

« Do you think if we fucked, you could still work for me as my secretary?" Zappa asked. »

 

Le deuxième niveau de lecture est plus « Zappatophile" cela nous amène au site Wiki zappa Jawaka avec ses 5 830 articles concernant la vie, la musique et l’époque de Frank Zappa. Le livre de Moon Unit en est un témoignage de plus, même périphérique.

Them or Us -  The book


Ceux qui savent et ont lu entre les lignes les nombreuses biographies du musicien ainsi que sa prose elle même, n’auront dans ces mémoires / témoignages que la confirmation de bien des choses subodorées par la connaissance des paroles et des événements des tournées du groupe . Les commentaires satirico-sociaux et les "privates jokes" sont éclairants.

 

Les deux frères, Dweezil le guitariste et Ahmet le chanteur, sortirent deux disques chez Zappa Records sous le nom « Z »:  «  ShampooHorn » en 1993 et « Music for Pets » en 1995.

Des tournées auront lieu ( concert mémorable au New Morning à Paris en juin 1993)..Les musiciens de studio seront les remarqués Terry Bozzio, Mike Kenealy, Scott Thunes, Brian Beller et Joe Travers qui lui sera bientôt l’archiviste du catalogue sorti du « Vault », le coffre fort des archives musicales de Frank Zappa.
 Ces deux CD (absents de Spotify et à soixante euros sur Amazon, seul le premier disque est sorti en vinyle, il est aujourd'hui est à 595€ pièce ! ) sont un lointain souvenir du temps où les frères étaient proches..Dweezil reprendra  en tournées la musique de son père en la faisant vivre avec de nombreux musiciens de talents tout autour du globe….. Alors que son frère lui, gérant le stock, sortit pour le compte du Zappa-Family-Trust de nombreux albums posthumes toujours plus nombreux au risque de la re-dite.

En duo avec son fils ( Écran et musique Live )


Puis vint la discorde, une menace de procès concernant les droits et la gestion du nom même de Zappa verront le jour en 2016.
« This month, the Zappa Family Trust, which owns the rights to Mr. Zappa’s music, informed Dweezil that he did not have permission to tour as Zappa Plays Zappa — the name is a trademark owned by the trust — and that he risked copyright infringement damages of $150,000 each time he played a song without proper permission. »

« Ce mois-ci, le Zappa Family Trust, qui détient les droits sur la musique de M. Zappa, a informé Dweezil qu’il n’avait pas la permission de faire une tournée sous le nom de Zappa Plays Zappa — le nom est une marque déposée appartenant au trust — et qu’il risquait des dommages et intérêts pour violation de droits d’auteur de 150 000 $ chaque fois qu’il jouerait une chanson sans autorisation appropriée. »

Si Dweezil joue la musique de son père et utilise son nom, il lui sera donc demandé des royalties par son propre frère!  Dweezil réagit violemment par voix de presse et change le nom de ses tournées « Zappa plays Zappa » en Dweezil zappa plays whatever the fuck he wants-  the Cease and Desist Tour  ( NYT-plus d’informations ici )
La rupture est donc complète depuis la mort de Gail. L’inégalité de traitement évidente par la disparité des parts attribuées et acceptées par Ahmet et Diva amène à la séparation des enfants.
Moon le vit avec douleur,(Cf: Pourquoi les parents font-ils ça ? Quelle mère fait ça ?), Dweezil menacé d’un procès se défend sur les réseaux et estime que lui seul fait prospérer la cause et porte l’héritage , Ahmet se justifie et clame sa fausse bienveillance en jouant les chefs d’entreprise (bizness is buisness) , Diva se fait de plus en plus discrète en faisant du tricot quelque part…Plus aucun des enfants ne se parlent ..bien que Diva et Ahmet aient certainement des contacts ne serait-ce que par le trust qu'ils gèrent à deux.

L’histoire de l’accord concernant le catalogue Zappa détenu par le Zappa Family Trust et UMG (Universal Music Group ) est aussi une péripétie à long terme commencée par Gail pour faire entrer la musique de FZ dans l’ère numérique. En 2022, les quatre enfants signe un accord pour la gestion complète du catalogue ( musique, images et films ) de leur père  par Universal.. les termes de cet accord ne sont pas publiques et la possible réconciliation ne dure que le temps de la signature.


In a public letter posted on Facebook, Moon opened with the heading, “Things my mother taught me,” and continued: “What’s yours is mine. What’s mine is mine. Your father is mine. What was his was mine. Who he was was mine.

”Dans une lettre publique publiée sur Facebook, Moon commence par le titre « Ce que ma mère m’a appris » et poursuit : « Ce qui est à toi est à moi. Ce qui est à moi est à moi. Ton père est à moi. Ce qui était à lui était à moi. Ce qu’il était était à moi. »

Aujourd’hui le livre de Moon fut annoncé sans aucuns commentaires de la part de ses frères ni de sa soeur.  Ils ont néanmoins via la presse et les réseaux, dit qu’ils ne l’avaient pas lu car elle ne leur avait pas envoyé de copie avant sa parution …Elle répond qu’ils ne l’ont pas demandés….


«  None of her siblings has read it yet. They say she didn’t offer them a chance to see an advance copy.She says they didn’t ask.Will it be yet another occasion for hurt feelings and misunderstandings within a fragile family?
Moon is more optimistic. “My book is an invitation,” she says, “to explore the complicated dynamics together »


Malgré tout Moon est optimiste:
"Mon livre est une invitation pour nous comprendre…dit elle"

La fin du livre s’achève avec le chapitre 70 qui est court, très court …

en voici la transcription :

« I compose a group text. I add contact, add contact, add contact, knowing I don’t require a reply. Even though Frank never had a celle phone and Gail’s old number’s assigned to another user , I mentally add my dead parents as I thumb-type five words to my living siblings. Before I press send, I picture them all healthy and happy and whole. I see Dweezil and Ahmet and diva receive these words and smile. I say the words out loud to myself and presse send.
All is forgiven, I say. Come home
Delivered, It says back »


Je compose un groupe SMS. J'ajoute un contact, j'ajoute un contact, j'ajoute un contact, sachant que je n'ai pas besoin de réponse. Même si Frank n'a jamais eu de téléphone portable et que l'ancien numéro de Gail est attribué à un autre utilisateur, j'ajoute mentalement mes parents décédés tandis que je tape cinq mots avec mon pouce à mes frères et sœurs vivants. Avant d'appuyer sur envoyer, je les imagine tous en bonne santé, heureux et entiers. Je vois Dweezil, Ahmet et Diva recevoir ces mots et sourire. Je prononce les mots à voix haute pour moi-même et appuie sur envoyer.
Tout est pardonné, dis-je. Rentre à la maison
Livré, dit-il en retour »

Moon ne veut pas disparaitre de l’histoire de sa famille, Elle désire une place, sa place; elle veut aimé et être aimé par eux …elle appelle depuis si longtemps …Elle a fait le geste et nous demande, leur demande, de reconnaitre sa douleur ….

 

 

 

Moon to earth....

 

Dweezil 12 ans ...avec Moon 14 ans

Premier single :  "My mother is a space cadet"

co écrit avec Moon et Steve Vai.

1982

 

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