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FLORIDUM MARE................................
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22 mars 2021

FEMMES DANS L’AGIR PRODUIRE

 

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Les femmes de métier.

La peinture décorative que tout le monde connait mais que personne ne voit est un monde mixte et tant mieux.
 Il n’en a pas été toujours ainsi du temps de Lebrun ou de José Maria Sert. Depuis quand les femmes ont-elles pénétré cette profession? La grande guerre dit-on a fait disparaître une génération d’artisans d’art. L’ancienne maison Logelin à Bruxelles qui deviendra la si renommée Ecole Van Der Kellen, ne comptait pas d’étudiantes…Seuls les Beaux Arts pouvaient avoir des ateliers mixtes où les femmes étaient quand même minoritaires. Il faut attendre l‘émancipation du décor peint de sa férule du bâtiment pour voir les jeunes femmes arriver dans les écoles de décor.
 La qualification supérieure des peintres en bâtiments incluait dans les entreprises, le statut de peintre en décor pour effectuer les effets de matières comme les faux bois, les faux marbres puis les filets et frises décoratives qui agrémentaient les patines proposées. Ces entreprises avaient du personnel qualifié qui était capable de créer une couleur et faire de magnifique réchampis d’une propreté impeccable. Les entreprises ont changé…Les peintres utilisent des nuanciers industriels et le décor s’est émancipé vite ..très vite.
Les indépendants sont arrivés, les femmes également. Le métier s’est amélioré en s’ouvrant aux nouveaux talents.
La dorure était un métier d’homme il n’y a pas si longtemps,…maintenant les équipes de doreurs sur les chantiers sont plutôt des doreuses! La partie masculine régresse beaucoup et se retrouve en atelier. La mixité et encore moins la parité n’est vraiment visible sur les chantiers de dorure. Dans les CFA  ( centre de formation d’apprentis) comme « La Bonne Graine » l’apprentissage de la dorure ne regroupe pratiquement que des filles. Et dans la tapisserie ? Pour combien de temps l’hégémonie des hommes va-t-elle durer?

Voilà trois portraits de Jeunes femmes indépendantes qui ont choisi un métier aux qualités indéniables mais comportant des risques. Risques liés au statut d’indépendant qui ne leur procure pas les sécurités que beaucoup réclament comme des dus.
Elles cotisent à « La Maison des Artistes » qui  est une association datant de 1952, agrée par l’état en 1969. Celle-ci gère les cotisations et contributions sociales des artistes auteurs pour les Urssaf …C’est un drôle de statut d’indépendant dans le système général, cela n’a rien à voir avec les « artisans » ou les professions d’indépendant sous le régime SSI.
Les artistes auteurs n’ont pas de droit chômage ( à la différence des intermittents du spectacle ) pas de congés payés, pas de comités d’entreprises, pas de stabilité d’emploi…Ils n’ont comme avantage catégoriel que la gratuité dans certains musées et des tarifs professionnels dans les boutiques de beaux arts. Il existe quelques entreprises de décor qui salarie leurs peintres décorateurs, ce qui ne les empêchent pas d’avoir recours aux indépendants pour les gros chantiers gourmand en personnel. Le statut de salarié est appréciable dans certains cas, comme lorsque l'on débute par exemple, il amène un certaine sécurité et l'assurance d'un revenu même modique mais souvent il arrive un moment où l'appel du large se fait entendre:


« Attaché? dit le loup: vous ne courez donc pas
Où vous voulez? Pas toujours, Mais qu’importe?
Il importe si bien, que de tous vos repas
je ne veux en aucune sorte. »

 

QUESTIONS à  Murielle Delaet

Montreuil sous Bois 93

insta @murielledelaet

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 - Comment appelez-vous votre métier?
Peintre en Décor!


- Quelle est votre formation ? Depuis combien de temps exercez vous ce métier?
Je suis née en Martinique, j’ai grandit là bas et à 14 ans je suis allée suivre ma scolarité au Québec
C’était le cursus canadien. Il ressemble beaucoup au système américain. J’étais à Montréal pour ma high school; puis j’ai intégré le CEGEP (Collège d’enseignement général et professionnel ) en décoration peinture, art plastique.
Après j’ai passé une maitrise en scénographie département Théâtre à l’UQAM  (Université du Quebec à Montréal). J’ai commencé à travailler là bas en réalisant des toiles peintes pour le théâtre et notamment pour le festival « Juste pour rire » pour ceux qui connaissent!  

Je suis arrivée en France en 2002 et j’ai travaillé comme assistante déco sur des pièces de théâtre et des films ..quelques courts-métrages dont je ne me souviens plus des titres sauf « le Nécrophile »  ah ah !….et  aussi un autre qui s’appelait « Après » où il y avait Géraldine Pailhas qui a été plus connue ensuite …
J’ai travaillé sur un seul long métrage, un chef d’oeuvre indien appelé « one dollar curry »! Puis j’ai postulé pour l’IPEDEC ( Institut de Peinture Décorative) en fin 2004 et j’ai commencé à travailler pour Emmanuel Renoird, un décorateur parisien qui habite maintenant à Los Angeles.  J’ai donc débuté dans la vie active en 2000 et bifurqué vers la déco intérieure en 2005. Je suis inscrite à la Maison des Artistes.

-  Est-ce que cela a été bien accepté dans votre entourage ?
Le choix de mon métier? Oui pas de problème ..Mes parents n’ont rien dit. Dans mon entourage s'il y a eu des commentaires, c’était surtout qu’ils s’interrogeaient sur ce métier qu’ils ne connaissaient pas …Est ce que l’on peut vivre de ça ? etc… Mais ça a été accepté sans problème, quelques interrogations mais c’est tout.

- Vous qui travaillez sur des chantiers ( Renovation du bâtiment ) Avez-vous trouvé votre place dans cet univers qui est majoritairement ( sinon exclusivement ) masculin ?
Ah mon expérience est très bonne! Il n’y a pas de problèmes je n’ai connu que très rarement des situations compliquées et je ne crois pas que ce soit parce que j’étais une femme…. De toute façon je ne me suis jamais senti être considéré comme le « sexe faible » Un mètre quatre vingt dix ça change les rapports!  Oui c’est un univers masculin, il n’y a pas de quelconques aménagements pour les femmes, c’est tout le monde à la même enseigne…S’ il y a un côté négatif à ça, c’est pour les commodités mais il suffit de demander et le plus souvent on a vestiaire et toilette pour nous.
On s’impose sans difficultés, je trouve qu’il n’y pas vraiment  de macho phallocrate misogyne sur les chantiers..Et s’il y en a, ils ravalent en silence leurs frustrations. J’ai connu des peintres enfin des corps de métiers désagréables mais pas de dérapages sexistes. Il n'y a que lorsque l'on est en tenue de ville et non pas en tenue de peintre que quelque fois il ne vous imagine pas peintre...et vous prenne pour la cliente...Ah ah Ça m'est arrivé!

- Quel est votre ressenti en tant que femme dans ce monde compétitif où l’on est jugé, évalué, comparé sur pièces
Alors là non ! Je n’ai aucun problème avec ça.
Aucune réticence vis à vis des jugements qui pourraient être portés sur mon travail; d’ailleurs la plus part des gens ne sont pas très critiques. Je n’ai que des compliments et souvent faciles. Les clients sont toujours hyper contents, les déco sont très vite satisfaits .. Et les peintres en bâtiment nous appelle « Picasso »…Je travaille en équipe, j’ai mes propres chantiers et intègre des équipes …quand ça ne va pas , c’est à dire quand ce que l’on fait n’est pas réussi on s'épaule, on recommence, on trouve des solutions c’est un travail d’équipe. Bon quelque fois il y a des ratages oui …mais on arrive toujours à s’en sortir…
Dans les sociétés de décoration comme Mériguet, Del Boca ou Gohard Deco, il peut y avoir entre salariés des compétitions je pense, mais dans les équipes d’indépendants c’est autre chose, c’est très volatile, on n’est pas lié par un contrat de travail. On s’entend bien, on est souple et polyvalent et la bonne humeur est de rigueur !


- Quels sont vos domaines de prédilection ? Acceptez vous tout les travaux?
J’aime élaborer des décors qui mélangent matières et ornements, j’aime beaucoup les pochoirs que je dessine et découpe ou fait découper au laser maintenant…La peinture des ornements en frise ou en semi donne beaucoup de satisfaction esthétique.
 Enfin, je fais de la deco traditionnelle XVIII et XIXème siècle et de la déco assez contemporaine, des créations d’effets et de matières pour des appartements très design…J’aime beaucoup mélanger les genres.

J’accepte tous les défis, oui …quoique .. certaine fois les demandes ne sont pas folichonnes… Je n’accepte pas les travaux de stucco par exemple, pas de béton ciré ou Tadelak, je sais le faire oui, mais ça ne m’intéresse pas…. Je le fais faire quand le deco ou le client en demande.

Depuis quelques temps je participe à des chantiers de Restauration, J’ai appris beaucoup de techniques en travaillant avec des restaurateurs. J’interviens en restitution sur ces chantiers qui peuvent être extrêmement techniques mais dont le résultat est magnifique. Je ne vais pas faire ici la liste des personnalités de la restauration mais j’ai travaillé avec Cinzia Pasquali par exemple et aussi avec Jean de Seynes mais c’est surtout avec Marie-Lys de Castelbajac que j’ai acquis une bonne connaissance des processus de restauration dans lesquels je pouvais amener mes compétences en restitution. Je travaille souvent avec elle et c’est toujours de très beaux chantiers!

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  - Quels sont les quelques chantiers qui vont ont laissés les meilleurs souvenirs ?:
J’aime énormément les déplacements, j’aime les voyages.
Le travail en équipe est agréable quand vous vous entendez bien. Depuis quelques années une équipe informelle s’est constituée à partir d’un beau chantier en Turquie et donc à cinq, on se retrouve à s’embaucher les uns les autres et l’habitude de travailler ensemble fait que l’on est extrêmement efficace!! Trois garçons, deux filles avec maintenant plus de dix ans de pratique en équipe, n’importe quel déplacement est agréable!
J’ai, je viens d’en parler, un très bon souvenir du chantier en Turquie à Istanbul, enfin plus précisément Kanliça, dans une grosse maison sur les rives du Bosphore. Quatre mois de chantier incroyable !  Et à ce moment là, la Turquie était agréable car en pleine croissance…
Je suis allée en Russie à Moscou, mais j’ai préférée Ekatérinbourg dans l’Oural..C’était une expérience !  j’y suis allée plusieurs fois en différentes saisons, le printemps et en plein hiver…neige, glace et températures extrêmes. On travaillait pour un Hôtel de luxe.
On a beaucoup bossé mais bien visité la ville et passé des soirées mémorables!
Je garde un super bon souvenir du chantier pour Jacques Garcia à Sorrente face au Vésuve, et ce n’est pas uniquement parce que c’est la capitale du Lemoncello !  C’était superbe.  On travaillait dans une somptueuse villa face à la mer. Toujours en équipe (avec mes amis les frères Christian et Cyrille Laroche ) on peignait un décor inspiré de la villa Kérylos.. Le temps était magnifique, la nourriture italienne divine et les ballades en scooter sur la corniche digne d’un film italien ! Je suis allée en Toscane aussi. Près de Florence à Greve in Chianti, dans un somptueux palais entouré de cyprès sur une colline ..Puis l’Angleterre, Londres à Covent Garden pour la grosse boutique Ladurée, à Ascot avec Nicolas Reese pour Garcia, enfin j’ai plein d’excellents souvenirs de chantier. La corse avec le Musée Bonaparte ou je retourne assez souvent avec Marie Lys de Castelbajac. J’ai aussi beaucoup aimé la restitution du décor du jardin d’hiver de l’Hôtel de Païva à Paris sur les Champs Elysées. J’ai travaillé en binôme avec Amaury de Cambolas, Nous avons, à partir des photographies anciennes datant de 1870 /1880  et des dégagements stratigraphiques, recréé le décor du Jardin d’hiver décrit par les frères Goncourt dans leur journal… Il y avait plus de dix couches de peinture, tout le monde avait oublié le décor original! C’était fabuleux de faire renaitre un décor si mythique dans cet endroit incroyable qu’est le Traveller’s.
J’ai été très aussi heureuse de créer un décor assez élaboré pour la chambre de William Christie dans sa superbe maison de Vendée, là où se déroule son festival baroque …J’y suis allé en équipe et ce fut une sacrée expérience ..William Christie venait tout les matins et nous offrait du thé!

Mais sinon, il y a le chantier d’une vie ! Mon château préféré..! J’ai commencé en 2009 à travailler au château de Tournoël …La grande ruine sur son éperon rocheux au dessus de la plaine de la Limagne près de Volvic…Le commissaire priseur Claude Aguttes m’a confié pièce après pièce la tache de réhabiliter les intérieurs proposés à la visite mais aussi les parties privées car le château est trop grand pour être visité entièrement. Je ne connaissais rien au décor de haute époque mais j’ai appris… Voilà douze ans que je travaille dans ce château et ce n’est toujours pas fini. J’y vais en équipe, monsieur Aguttes me communique ses idées et j’élabore un projet…Il me fait confiance et c’est quelque fois une surprise pour lui mais il est toujours enthousiaste et très satisfait. Sinon en ce moment je travaille pour Géraud de Torsiac avec les frères Laroche pour le grand Hôtel du Chateau de Versailles ! Encore une aventure....

 

 

QUESTIONS  à  Cécile Crochet

Paris 18 ème

Insta @cecile_crochet

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- Comment appelez-vous votre métier?
Mon métier est «  Peintre Décoratrice »

-  Depuis combien de temps exercez vous ce métier   - Quelle est votre formation ?
J’ai passé un baccalauréat B (économie) Puis une licence d’Art Plastique à Paris
J’ai suivi ensuite le cursus des Cours Renaissance à Bagnolet où j’ai appris le métier de peintre décoratrice. J’ai commencé travailler en 1994.
Ma formation a été financée par l’entreprise Trouvé. J’ai donc commencé dans l’entreprise de monsieur Trouvé avec monsieur Lefumat bien connu dans le monde de la peinture décorative. C’était assez déroutant mais formateur…Puis je suis allée travailler aux Etats Unis avec Pierre Finkelstein pendant un an. Devenue indépendante, j’ai continué de retour en France, en développant ma propre clientèle …et cela continue encore aujourd’hui ..
J’étais d’abord à l’Urssaf puis peu après inscrite à la Maison des Artistes.

-  Est-ce que votre métier a été bien accepté dans votre entourage ?
Oui, mes parents l’ont accepté sans réticence, ils étaient contents que je trouve ma voie!
Par contre, cette voie, ma grand mère ne l’a jamais comprise, elle disait que ce n’était pas un métier « normal » enfin que c’était un métier d’homme!

- Sur des chantiers ( Renovation du bâtiment ) Avez-vous trouvé votre place dans cet univers qui est majoritairement ( sinon exclusivement ) masculin ?

Ma place ? oui, il y a une grosse différence entre aujourd’hui et mes débuts…Lorsque j’ai commencé on me faisait comprendre que je n'étais pas légitime, il fallait s’imposer et je ne pouvais m’imposer que par la qualité de mon travail. Comment dire, on ne pouvais être prise au sérieux que par le travail effectué. Je me souviens d’un chantier en Suisse où je faisais des filets. J’ai pris une pause pour aller boire un café et quand  je suis revenue, un type avait marqué son numéro de téléphone sur ma règle à filet!  Il y a ceux qui veulent vous aider tout le temps et ceux qui vous ignorent..Il faut savoir se positionner en professionnel et au début ce n’est pas si facile….

- Quel est votre ressenti en tant que femme dans ce monde compétitif où l’on est jugé, évalué, comparé sur pièces?

Moi, je ne suis pas « compétitive ».et donc je n’ai jamais ressenti  de pression comme ça.. Certains hommes disent préférer travailler avec des femmes car il y aurait moins de combat de coq !  il y a aussi une forte compétition entre femme mais n’ayant jamais été dans ce sens là, ce n’est pas quelque chose qui me pèse. Oui, on est jugé sur son travail mais je pense que c’est comme ça que ça doit être non? Quand on réalise, on produit quelque chose de tangible comme du décor peint, le résultat est là et on ne se cache pas…De toute façon s’il y a des problèmes hommes femmes c’est souvent entre la peinture générale et les deco.. certains peintre en bâtiment ont du mal a être « dirigé » par une femme….et moi, lorsqu’il y a un problème je ne me dis pas que c’est parce que c'est un homme mais plutôt parce que c’est un con….


- Quels sont vos domaines de prédilection ?-
Ce que j’aime c’est le changement… Je n’ai pas de souci avec la variété. J’aime faire des choses très différentes. C’est un des grands avantage de notre métier que de faire des choses très différentes…

- Vous acceptez tout les travaux?

Oui, j'accepte tout ce que je sais faire, ou pas d'ailleurs!  En tout cas si c’est du décor peint j’expérimente, j’échantillonne dans mon atelier. Je fais de la laque, du meuble peint et plein de découvertes en créant des matières, même avec du relief...J'aime cette alchimie, cette cuisine artistique qui permet de projetter à partir d'un petit échantillon une salle entière ...la "vision de masse" est assez difficile à acquérir mais c'est une qualité qui vient avec le métier.

Je ne refuse rien, enfin uniquement les chantiers qui sont trop sales et bruyants ou si je n’ai pas confiance dans les entrepreneurs qui me sollicitent.

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 - Quels sont les quelques chantiers qui vont ont laissés les meilleurs souvenirs ?
Ah.. lorsque j’étais au Etats Unis j’ai eu des chantiers mémorables ..Comme celui du Getty Museum de Los Angeles avec Pierre Finkelstein.  J’y ai fait du faux marbre dans les salles d’expositions de l’art européen et notamment français, ce qui est amusant. J’y ai fait aussi de la patine et plein d’autres choses assez variés.

J’ai travaillé à Dallas, à Las Vegas. Je me souviens avec plaisir du Casear Palace où j’ai réalisé des colonnes en faux marbre pour un décor néo-romain assez kitch… j’ai travaillé aussi à New York bien sur, là où je résidais.
Sinon j’ai fait plein de beaux chantiers à Paris ..chez des Saoudiens et pour une clientèle toujours assez chic et internationale..J'ai participé à la rénovation du château de Sceaux. Comme celle du château de Villette aux environs de Paris ... …Il y en a tellement eu que je peine à m'en souvenir de tous!

Ah oui! J'ai travaillé un an pour des japonais!! ..Toute une deco sur les éléments d'une maison en kit!  J'ai réalisé énormément de décor pour les Ateliers Thiery qui sont une société de dorure bien connue.
En ce moment je m'occupe de la décoration de la maison mère d'une banque pestigieuse !!

 

QUESTIONS à Gaëlle Dulac

Brunoy 91

insta @gaelledulac

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   - Comment appelez-vous votre métier?
Je suis peintre décorateur …je dis que je suis peintre et souvent ça suffit

   - Quelle est votre formation ? Depuis combien de temps exercez vous ce métier?
J’ai suivi des cours pendant ma scolarité dans un conservatoire d’art plastique, j’ai passé après un bac technique arts appliqués (STI) Puis j’ai fait l’école Olivier de Serre à Paris dans la section fresque mosaïque …
J’étais un peu perdue avec des histoires familiales compliquées, j’ai été au p’tit bonheur voir a la SEMA, la formation des métiers d’art. Je ne savais pas trop quoi faire à part être peintre et je suis tombé sur la formation « peintre en décor » je me suis que c’etait ça que je voulais faire !
 J’ai fait des petits boulots pendant six mois ( vendeuse au BHV par exemple ) pour me payer cette formation à l’IPEDEC ( Institut de peinture décorative  ) à Pantin…et ce n’était pas rien, c’était hyper cher, il fallait aussi se payer sa « caisse » ..c’est à dire la caisse de brosserie particulière … j’ai réussie à mettre dix mille euros de côté!
 Je suis sorti major de ma promo début 2004 et il fallait que je bosse sans tarder.
 J’ai très rapidement commencée à travailler sur le gros chantier de l’Hôtel Royal Monceau décoré par Jacques Garcia !
C’est Cyrille Laroche ( Maintenant Atelier Laroche ) qui m’a appelé au printemps 2004. Je l’avais rencontré à l’Ipedec où il était assistant. Assistant d’un professeur d’Olivier de Serre qui donnait des cours à l’Ipedec, Bruno Baloup. J’ai travaillé avec Cyrille sur un grand décor réalisé par Philippe Laurent ..J’ai peint des arbres, je m’en souviens ..on a bossé comme des fous, nuit et jour d'affilé, j’étais tellement crevée que je en suis même pas allé à la soirée d’inauguration !

Après comme une sorte de super formation, j'ai été assistante de Christian Martincourt ...et ça c'est formateur pour les futurs chantiers....


   -  Est-ce que cela a été bien accepté dans votre entourage ?
Oui très bien, Il n’y a eu aucune réticence autour de moi ….J’avais 19 ans, mon père de toute façon voulait que je fasse un métier manuel et ma mère, passionnée d’art, elle m’a soutenue vraiment …non, pas de problème de ce que côté là..!


- Sur des chantiers ( Renovation du bâtiment ) Avez vous trouvé votre place dans cet univers qui est majoritairement ( sinon exclusivement ) masculin ?
J’aime beaucoup être sur les chantiers, c’est très vivant, tu apprends l’humour et l’autodérision. tu as un nouveau rapport aux garçons, moi ça m'a beaucoup appris, ça renforce en plus, il y a un côté "guerrier" ou "aventurier", tu montes sur des échafaudages, c’est physique, tu te donnes à fond! Ça développes les qualités d’adaptation.
j’aime beaucoup les ambiances de chantier, il y a tous les milieux sociaux, plein de corps de métier. Il y a un échange et dans cet univers masculin, il y a un lachez prise que j’aime bien. Ça devient comme une famille!

 

- Quel est votre ressenti en tant que femme dans ce monde compétitif où l’on est jugé, évalué, comparé sur pièces ?
Oui et bien c’est pas évident, on fait beaucoup plus facilement confiance à un homme qu’a une femme dans le décor. En tant que femme il faut s’affirmer, ce qui n’est pas évident. Rester femme dans un monde d'homme, se faire entendre, comprendre et respecter…c’est un équilibre à maintenir en permanence et en même temps c’est du défi.

  Je pense que je suis compétitive mais dans le bon sens du terme, pas pour être la meilleure mais faire des choses comme les garçons, dès le début je voulais m’affirmer en tant que personne. Je refusais toutes leurs sollicitudes, ils voulaient te monter l’échafaudage moi j’aime faire ce que les mecs font, avoir le même rôle qu'eux. Puis j’ai appris l’humour, parce que au début je réagissais presque comme un pitbull à toutes les blagues un peu lourdes puis j’ai gagné en souplesse, j’ai compris les codes et l’humour chantier mais sans dérapages, je me sens toujours femme et je mets des limites. Pendant dix ans, j’étais avec un peintre qui est devenu chef de chantier et j’étais protégée, on était dans la même boite et c’était connu, après lorsque je suis devenu célibataire c’est devenu autre chose..et j’ai dû bien marquer les limites …mais une fois les limites marquées il n’y a pas de problème, même s’il y a toujours un jeu ambiguë chez certains. Parce qu’un mec avenant qui blague avec tout le monde c’est juste un mec sympa, un fille qui fait ça sans marquer les limites, ils dérapent…
Pour moi ce métier, rassemble bien les deux côtés masculin et féminin : le chantier, c’est le côté masculin et la fibre sensible, artistique c’est le côté féminin. .… c’est peut être pour ça qu’il y a autant de femme dans la déco…enfin c’est assez équilibré, les équipes sont le plus souvent mixtes. On rencontre de très belles personnes sur les chantiers.

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- Quels sont vos domaines de prédilection. - Acceptez vous tout les travaux?
J’aime la peinture figurative, je dessine et peint.
Sinon je fais toutes les matières et ornements… oui j’accepte tout ce que je trouve intéressant ..et qui plus est quand il y a une équipe sympa.. comme à Versailles pour le grand Contrôle avec l’équipe de Cyrille Laroche …


 - Quels sont les quelques chantiers qui vont ont laissés les meilleurs souvenirs ?
Ah! moi comme je le disais j’aime beaucoup les chantiers… donc il y en a beaucoup! …. D'abord j'ai un bon souvenir des cours que j’ai donné .. bon ce n’est pas des chantiers mais c’est pareil.  j’ai enseigné  à l'Atelier des Peintres en Décor et à l'école d'Art Mural de Versailles mais ce que j'ai préferé ce sont les cours donnés en Guadeloupe à l’ « Ecole de la Dernière Chance » ça c’était l’aventure pendant trois semaines!
Ce qui est amusant c’est que je logeais là bas chez une mes premières élèves de l’école des métiers d’art  (l’INFA) à Tremblay. Mais oui, les chantiers j'ai de bons souvenirs aussi ... ...J’ai travaillé au Ritz plusieurs fois pour les sociétés Trouvé et Gohard déco et dans plein d’endroits différents.. Mais c’est les lieux prestigieux où il est incroyable d’avoir été qui marquent vraiment……à Reims, au château des Crayères, l’hôtel de luxe pour les amateurs de Champagne…  Ah oui, l'un des plus beau c'était à la cahédrale d'Alès avec Valerio Fasciani, un vrai chantier de restitution de décor de voussures et demi-coupole sur les pas du peintre fresquiste Antoine Sublet....  Et évidemment le salon doré de l’Elysée en août 2020 avec Marie Begue...Le bureau du président ! j’ai restitué des décors peints sur les dorures dans le cadre d’une campagne de restauration assez médiatisée..
J’ai travaillé à l’Hotel Lambert avec Madeleine Hanaire dans la salle des muses…il faut voir ça!..J’ai eu aussi le Louvre pour moi toute seule pendant la fermeture covid, enfin quand je dis toute seule, c'était une bonne équipe de filles! Mes amies Chloé Costes, Lucie Deslile, Alexandra Chiarella et Priscilla de Buhren!. Il y a eu pas mal de travail avec les Ateliers Mariotti. On était seul dans le palais, j’ai peint du faux acajou sur des grandes portes…CNN m’a même interviewée, et longuement, mais ils n‘ont gardé que le passage où je détaille la brosserie … ( a voir ici)

 J’aime beaucoup les déplacements .. mais alors loin ! J’ai pu aller deux fois à Pékin .. La chine c’est quelque chose …Froid et pollué mais très intéressant.
Je suis allé travailler à Moscou aussi, avec l'atelier Tourtoulou, dans le centre, près de l’église Saint Jean le Précurseur. J’y fait des ornements, du faux marbre et de la patine ..pendant deux mois et demi !
J’ai même été au Kasakhstan faire la déco de la boite de Régine à Astana! (le président Nazarbaïev adorait aller au Jimmy’s de Monaco, il a demandé à Régine d’ouvrir une succursale chez lui…Horrible! ) C’était super dur comme chantier mais dingue d’aller là bas boire un coup avec Régine; elle était souvent pas drôle et on bossait avec des horaires de dingues!
Enfin l’aventure n’est pas finie …j’espère retourner à Moscou prochainement.



 

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 Les photos d'atelier ont été aimablement autorisées par Cécile Crochet

 

 

 

 

 

 

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