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FLORIDUM MARE................................
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9 mars 2010

LA COURONNE DU MONDE

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Si proches bien qu’à distance
les êtres qu’il façonnait
avaient beau n’habiter aucun lieu
ils étaient les habitants inexpugnables
de leur fixité sans racines.

 



 

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L’épée des autres
la couronne du monde
le sceptre que je suis

et chasser
les éclatantes simagrées du vide
loin de leurs palais pavoisés.

 

 

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Après le cataclysme orné
d’écume fraîche
et de plaies dentelées
je me suis tenu tranquille
et j’ai bu ma goulée de silence

ô fougères
féerie verte au rideau retombé
niant l’entrelacs des tiges dont la sève
plus que jamais encagée
devient parfum qui se dégage

 

 

 

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 Es-tu né du soleil qui troue les robes claires
dore le ventre et donne sa chaleur au lait
ou bien ta mère est-elle une punaise de calvaire
qui te mange le cœur et te sèvre à jamais

Enfant tournant en rond au préau de misère
en noir sur blanc ainsi qu’une cible apparaît
as-tu fini de déchiffrer le syllabaire
du trou de la serrure antre gras de secrets ?

 

 

 

 

 

 

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Dans le jardin bas du parc de Saint Cloud, ruine parmi les ombres du château disparu se dresse le groupe sculpté par Elias Robert .

Déposé de son fronton prestigieux d'où elle regardait les foules entrant sous son arche monumentale, la "France couronnant  les Arts et l’Industrie " encadrée de ses poutis martelés, semble ne pas finir sa pénitence.

Les couronnes et auréole ont depuis longtemps disparues. Les mousses et suintement d'eau de pluie, laissant de sombre taches, plongent les sculptures dans une mélancolie féroce. Les passants oublieux du passé , les incultes dominateurs ayant scarifié d'un "MR" barbare la joue poreuse et humide de la France qui ne regarde que le vide, rendent cet exil des plus poignant. La rupture de continuité avec les frontons de Versailles qui clament en lettres de bronze "A toutes les gloires de la France" se cristallise par une relégation datant de plus de 100 ans .

 

 

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" Par arrêté en date du 25 novembre 1899, « les sculptures ci-après désignées : groupe de couronnement, par Elias Robert, deux groupes d’enfants, par George Diebold,  provenant de la façade de l’ancien palais de l’industrie ont été affectés, à titre de dépôt, à la décoration du domaine de Saint-Cloud… "

"Les frais de dépose et de transport seront, ainsi qu’il a été convenu, à la charge du Commissariat général de l’Exposition de 1900."
"Lorsque les trois groupes furent tronçonnés en quarante morceaux pour être détachés du bâtiment et transportés à Saint-Cloud, l’emplacement dans le parc, n’était pas exactement déterminé. Le démolisseur Casel les fit déposer dans un coin du chantier du Petit Palais en construction. Il semble que durant ces manipulations, les morceaux furent mis à rude épreuve, et ils arrivèrent à Saint-Cloud en piteux état. Par ailleurs bien que ce soit prévu dans son devis pour la commission de l’exposition  de 1900, l’entrepreneur refusa, dans une lettre datée du 15 février, de s’occuper du transport de ce puzzle encombrant. Finalement déposés, on ne sait dans quelles conditions, sur la pelouse en bas du parc, les morceaux nécessitaient quelques soins avant d’êtres remontés. "
Le sculpteur Jonchey fut commandité pour réparer certaines parties, la tête de la figure principale, la jambe drapée d’une femme couchée, d’autres fragments de draperies, de bras et de jambes »

Une campagne de restauration eut lieu dans les années 20, la tempête de décembre 1999 décapita la statue de l’Industrie, heureusement recollée,  une nouvelle campagne de restauration est prévue pour 2010 parait il.
Dans un ouvrage paru chez Parigramme,  Sylvain Ageorges nous renseigne de manière magistrale sur les traces des expositions universelles, qui magnifièrent Paris:
Sur les traces de Exposition Universelles 1855 1937.

 

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Le Palais de l’Industrie  était construit suivant les principes les plus modernes : une structure métallique de poutrelles et colonnes,  parement de briques et verres puis pierres en façade.

 

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Trois architectes Viel, Desjardin,Villain et M.Barrault ingénieur civil, furent nécessaire pour élaborer ce monstre de  près de 28 000 m2.  Un immense vaisseau d’exposition de 35 m de haut avec 408 fenêtres avec une rotonde en arrière plan, ce qu’on appelait le « Panorama »  était relié à la Galerie des Machines, le long de la seine, 1800m de long et 17 m de haut, remplie de machines tournant, crachant dans un fracas épouvantable !

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Cliquez sur la carte pour voir les détails.

Cet espace d’exposition gigantesque reçu plus de 5 millions de visiteurs pour l’exposition de 1855 organisé par une commission impériale dirigé par Plon-Plon et  inauguré par son cousin Napoléon III . Jusqu’en  1897 ce Palais « Napoléon » servit aux salons de Peinture, aux concours épique, aux salons des produits agricoles et cheptels Français et à diverses expositions d’Art liées à l’industrie. Sa destruction fût programmée pour créer l’ « axe républicain » qui va du Palais de l’Elysée jusqu’aux Invalides; c’est à dire , l’avenue Churchill actuelle, face au Pont Alexandre III entre le grand et le petit Palais construit pour l’exposition Universelle de 1900.

 

Il ne reste aucun souvenir dans l’esprit des parisiens de cette masse de pierre de métal et de verre .Le Palais de l'Industrie a disparu si ce n’est ce groupe mélancolique oublié ….Un grand nombres de poutrelles furent réemployées pour la construction de l’église Notre Dame du Travail  au 59 de la rue Vercingétorix dans le 14° arrondissement. Ironie du sort cette église fut construite par Jules Astruc pour accueillir les ouvriers et travailleurs étrangers des chantiers de l’exposition universelle de 1900.

 

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 L’église Notre Dame du Travail  au 59 de la rue Vercingétorix dans le 14° arrondissement.

 

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Plan superposé de 1855 et 2010  de ce que l’on appelait le « carré marigny » avant la construction du Palais de l’Industrie.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mes yeux

Ce que je vois

Le vide qui entre nous ouvre son chas d'ennui

et la cassure de nos regards

 

 

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Les textes des photos d’en-tête sont des strophes tirées du recueil « haut Mal » de Michel Leiris (NRF 1946).

 

 

Ci joint un extrait d'article très documenté de G.Poisson sur le palais de l'industrie; in "1855 La première exposition universelle Française" sur Napoléon .org:

 

"Dans le Palais de l'Industrie figuraient aussi les arts décoratifs, séparés des arts majeurs exposés ailleurs, ce qui est caractéristique. Ils témoignaient d'une technique impeccable et souvent virtuose, mise au service d'un décor surchargé, redondant, foncièrement éclectique, puisant son inspiration dans le pseudo-gothique, la Renaissance italienne, l'« historicisme », utilisés dans l'amour de l'ornement et de la surcharge, avec une prégnante horreur du vide. Art décoratif s'exprimant aussi par des procédés s'apparentant au faux : à l'ébène authentique se substitue le poirier noirci, le bronze de fonte est remplacé par le « bronze d'art » issu, grâce à Barbedienne, de la galvanoplastie. « Les éventaires surchargés de “superbes objets d'art” de l'Exposition ne sont dès lors que la version kaleidoscopique d'un intérieur cossu de l'époque » (Pascal Ory).

Et l'on fit un triomphe au procédé de Ruolz, exploité par la maison Christofle : l'Empereur lui commanda, pour huit cent mille francs, un service de cent couverts.

Ainsi, les pays participants exposaient-ils leurs productions côte à côte, et sous le même toit, source de comparaisons, mais sans mise en valeur, ce qui entraînera à partir de 1867 la création de pavillons nationaux séparés disséminés sur toute la surface de l'Exposition : 1937 verra l'apogée de cette formule. La rotonde avait été construite, à l'époque, par Hittorff sur des principes novateurs : diamètre de quarante mètres, charpente à structure suspendue. Elle fut modifiée pour l'Exposition et on y présenta les créations destinées à l'Empereur et l'Impératrice. Tout ce qui touchait à leur « Maison », à l'art décoratif officiel, tapisseries, porcelaine, était groupé autour des diamants de la Couronne. La rotonde apparaissait comme le résumé, la « tribune » de l'exposition, mais on y trouvait aussi le revolver du colonel Colt, les pianos Erard et Pleyel et un nouvel instrument de musique inventé par le Belge Sax, le saxophone.

Le long de la Seine s'élevait la Galerie des Machines, longue d'un kilomètre deux cents sur seulement vingt-huit mètres de large, aux entrées d'extrémités de style résolument classique, ouvrant sur une nef à fermes métalliques endemi-cercle.

Elle abritait une section purement technique, temple de l'Industrie où la France affichait sa compétition avec l'Angleterre. D'innombrables machines y fonctionnaient toute la journée, alimentées par la vapeur, dans un bruit assourdissant. On y voyait la locomotive à vapeur Cockerill, apte à tirer des convois de quatre cent cinquante tonnes de houille, ou la Crampton, des usines Cail, qui pouvait atteindre cent kilomètres/heure de moyenne, la rotative de Marinoni, grâce à laquelle la Presse va se développer et se diversifier, les machines à coudre de Grover et Baker ou de Singer, début d'une étonnante saga industrielle.
"

 

G.Poisson in "1855 La première exposition universelle Française." Napoléon.org

 

 

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